lundi 10 novembre 2014

D'autres en parlent mieux que moi : Ce monde sexiste m’épuise


Mircea Austen, mars 2014  :
http://www.madmoizelle.com/sexiste-epuise-238678

"(...) 
   J’en ai marre de faire preuve de pédagogie lorsque (...) la moindre faiblesse dans l’argumentaire 
d’une féministe (...) sert d’argumentaire total (...) pour (...) détruire un mouvement qui se nourrit 
de centaines de recherches universitaires, de livres, de penseurs, de courants (...)
   J’en ai marre de voir des types m’expliquer (...) l’air triomphant,
que si les féministes servaient à quelque chose elles n’auraient pas à emmerder le monde
avec le « mademoiselle » sur les formulaires administratifs, 
de devoir expliquer pour la énième fois que c’est l’infantilisation et la subordination d’une femme 
à son père puis à son mari qui est mise en cause, et non l’usage de ce terme dans la vie de tout les jours.
   En terme de pédagogie j’ai tout sorti, j’ai appris les chiffres, les statistiques, j’ai expliqué la culture du viol
à des violeurs qui s’ignoraient encore, (...) J’ai aussi pris le risque de me fâcher avec des proches (...) 

Aujourd’hui je veux que l’exigence de pédagogie change de camp.

   Je veux qu’on m’explique pourquoi il est normal que des gamines de 14 ans (...) se réfugient en masse
dans un idéal impossible à atteindre d’esthétique parfaite (...) 
   pourquoi mes droits constitutionnels sont (...) constamment remis en question (...) 
   pourquoi la majorité des femmes de mon entourage a été victime d’une agression sexuelle
et/ou de viol, sans que la société ne se soit remise en cause une seule seconde.
   (...) pourquoi, bien que diplômée des meilleurs cursus, j’ai statistiquement toutes les chances 
d’être moins payée qu’un homme, et pourquoi ce constat qui serait considéré
comme une preuve de racisme ailleurs est réduit ici au simple phénomène de société (...)

   Je ne supporte plus de m’excuser lorsque je tente d’expliquer une théorie féministe qui prend
plus de deux minutes à être développée, (...) parce que (...) de toute façon elles ont déjà gagné.
   J’en ai marre de dire « désolée » lorsque je rembarre un gros con qui m’accoste dans la rue,
et ce depuis que j’ai quatorze ans (...) 

Aujourd’hui je veux que les excuses changent de camp.

   Que les « incultes » qui en restent à ce que les médias expliquent du féminisme s’excusent 
de ne pas prendre le temps de se renseigner davantage, de lire davantage, de discuter davantage.
   Je veux que les publicitaires s’excusent de promouvoir un idéal morbide (...) 
   Je veux que les politiques s’excusent de traiter la cause de 52% de la population française
comme une cause « accessoire »
   Je veux que les entreprises s’excusent d’estimer que nous valons moins qu’un homme.
   Je veux que les créatifs, dessinateurs, concepteurs de jeux vidéo et autre réalisateurs s’excusent 
de manquer d’imagination pour nous offrir des personnages féminins à la mesure de notre potentiel,(...)
   Je veux que l’Éducation Nationale s’excuse de traiter l’Histoire 
uniquement à travers le prisme des grands hommes 
comme si aucune femme, en 3000 ans, n’avait jamais rien accompli (...) 

   J’en ai marre d’attendre le grand jour où enfin une femme sera un citoyen comme un autre, (...)
   j’en ai marre d’attendre que l’égalité hommes-femmes tombe du ciel
comme un cadeau des élites masculines (...) 
   J’en ai marre d’attendre dans la position de celle qui réclame
comme si l’égalité était un caprice (...)"

vendredi 7 novembre 2014

D'autres en parlent mieux que moi : La F.A.Q. du sexisme accessible aux débutants




Voici quelques exemples des réponses simples à des questions basiques qu’on entend souvent
lors de conversations sur le féminisme.
Je vous conseil vivement de lire l'article original en entier : http://biaise.net/blog/la-f-a-q-du-feminisme/

«
«LE Féminisme»
 (...) il n’existe pas un féminisme (...)
De multiples mouvements féministes existent et peuvent diverger
sur les causes de l’oppression des femmes et sur les moyens à mettre en oeuvre pour les combattre. (...)
pas besoin de se reconnaître dans un groupe féministe pour dire qu’on l’est. (...)

«Oui mais regarde, y a plein de femmes que ça ne dérange pas»
(...) beaucoup de femmes s’opposaient au droit de vote des femmes (...)
(...) lutter pour l’égalité, c’est risquer de perdre sa place dans une société sexiste, parce qu’on cherche
à construire un monde plus égalitaire à long terme.
Donc ça demande un certain courage.

«Ça ne dérange que les féministes»
Évidemment puisque les féministes sont les personnes qui se renseignent sur le sexisme
et qui comprennent ses rouages. (...)


«On a déjà fait de gros progrès en France/en Europe»
(...) Faire des progrès, ce n’est pas pour autant être arrivé au terme de l’égalité. (...)

«D’autres pays/ certaines religions sont beaucoup plus sexistes»
(...) Il faut commencer par balayer devant sa porte avant de donner des leçons.
Les discriminations auxquelles on est habitué-e-s choquent beaucoup moins 
que celles provenant d’autres cultures. (...)

«Il n’y a pas plus important ? Et les petits enfants qui meurent de faim en Afrique…!»
«Il y a pire ailleurs, tu devrais être contente»
(...) on peut (...) s’occuper de plusieurs causes humanitaires à la fois (...)
(...) on pourra toujours trouver pire ailleurs (...)

«Les féministes veulent instaurer une matriarchie / vous voulez prendre le pouvoir ! »
(...) jamais les femmes féministes n’ont demandé plus de pouvoir que les hommes.
Mais le fait qu’elles osent demander les mêmes dérange déjà assez pour que
certains hommes se sentent menacés, eux et leurs privilèges.  (...)

«Les féministes sont sexistes aussi / et les hommes dans tout ça ? / et le masculinisme ? »
(...) Les féministes luttent contre le patriarcat, pas contre les hommes. (...)
Le masculinisme, par contre, est un mouvement qui vise à protéger le patriarcat. (...)
On pourrait placer, de part leur racine éthymologique, masculinisme et féminisme sur un terrain égal
(...) malheureusement, des mots égaux ne font pas des revendications égales :
quand les féministes revendiquent l’égalité, les masculinistes
ne sont rien d’autre qu’un groupe réactionnaire. (...)

«Vous les féministes vous n’aimes pas les hommes de toute façon / vous êtes des mal-baisées»
(...) il n’y a pas que des femmes chez les féministes (...)
quelle que soit notre orientation et notre activité sexuelle,
en fait, on s’en fout : ça n’a rien à voir avec nos revendications. (...)
(...) nous n’aimons pas la misogynie (qu’elle vienne d’hommes ou de femmes, d’ailleurs) (...) 
ce ne sont pas les hommes que nous n’aimons pas (...)

«Moi de toute façon je ne suis pas sexiste»
Voilà une chose facile à affirmer. Mais comment en être sûr ?
Les féministes sont les premiers à avouer 
qu’ils ne sont pas exempts de ce qu’on appelle le sexisme ordinaire.
Et comment faire autrement ? Nous avons grandi dans une société sexiste !
Ses codes sont profondément ancrés dans nos mœurs.
Tout le monde est sexiste : c’est normal.
Il faut faire beaucoup d’efforts pour comprendre comment fonctionne le patriarcat
et la culture du genre (...)
s’interroger, se renseigner, remettre en cause toute une éducation. (...)

«Y a quand même des différences biologiques objectives»
(...) elles sont biologiques. Pas comportementales ni culturelles.
L’argument des différences biologiques a déjà motivé le racisme (...)
Les différences biologiques ne sont pas suffisament importantes dans la société
pour que les gens n’aient pas les mêmes droits. (...)

«Oui, mais les hommes ont un pénis et de la testostérone et les femmes des seins et des œstrogènes, et puis les femmes portent les enfants, c’est la nature.»
(...) Si les œstrogènes impliquaient nécessairement qu’une femme doive, pour sa survie
en tant que femme, s’épiler, se maquiller et s’arracher les poils, 
ça ferait longtemps que toutes les femmes le feraient. Or, elles ne le font pas toutes.
On peut donc en conclure (...) que ces comportements sont appris.
Les féministes ne luttent pas contre les lois de la nature. Simplement contre les clichés de genre. (...)

«Moi je crois que l’homme et la femme sont égaux mais complémentaires.»
En général on parle de « complémentarité » pour « expliquer » le rôle social des femmes
et ainsi justifier que les rôles assignés aux hommes et aux femmes ne soient pas équivalents (...)

«Je préfère le terme Anti-Sexisme»
Anti-sexisme et féminisme sont synonymes. Mais on continue d’utiliser le mot féminisme
(malgré sa mauvaise connotation) pour trois raisons :

- D’abord, ce mouvement a déjà remporté de beaux combats (avortement, divorce,
droit de vote des femmes etc),
nous sommes donc fières/fiers de nous ranger sous cette bannière.
- Le sexisme même s’il enferme les deux sexes dans des clichés désagréables,
est malgré tout un système oppressif qui défavorise d’abord les femmes.
- « Féministe » est un mot mal connoté à cause de la réputation que le patriarcat a encouragé
au sujet de ce mouvement.
Changer de nom ne servira à rien car tant que nos actions dérangeront, nous seront mal vus. (...)

«Moi je suis pas féministe, je suis égalitariste/humaniste.»
Impossible d’être égalitariste ou humaniste sans être féministe.
Ces deux concepts réunissent toutes les idéologies égalitaires. Donc forcément, dedans il y a le féminisme.
Beaucoup de féministes sont humanistes (...)

«Moi j’aime pas les mots en « -isme ».»
(...) tu n’aimes pas l’altruisme ? L’alpinisme ? Le cubisme ?
(...) à ceux qui veulent être perçus comme étant neutres (...)
il est impossible de n’avoir aucune opinion politique (...)
le fait de ne rien faire, de ne pas voter ou de ne pas manifester,
c’est montrer (même à son insu) par sa non-action
qu’on considère que tout va pour le mieux et qu’il n’y a rien à changer. (...)

«Il y a aussi des hommes battus et des hommes violés et vous ne faites rien pour eux»
Et bien il se trouve que si, en fait. (...)
(...) On ne dira jamais au sujet d’un hommes qu’il a mérité un viol 
parce qu’il se baladait torse nu (...)
Pas plus qu’on ne soupçonnera un homme d’avoir maltraité « mentalement » sa femme
pour expliqué qu’il ai été battu.

«Vous êtes vachement agressives quand même, ça ne sert pas votre cause»
(...) c’est partir du principe que tous les militants sont les mêmes. Ce qui n’est pas le cas.
(...) pourquoi ne pas essayer de voir au-delà de notre colère ? Ce qui est important, au fond,
c’est le message. (...)
Est-ce que sous prétexte que vous vous êtes sentis agressé par des féministes, 
vous allez continuer d’être sexiste -punissant ainsi injustement toutes les autres femmes- ?


«Les féministes sont paranoïaques»
(...) les féministes ont l’air paranoïaques parce qu’elles-ils dénoncent simplement des choses 
qui ont l’air normales tant on y est habitué. (...)
Plutôt que de taxer un-e féministe de paranoïaque quand elle-il dénonce quelque chose,
pourquoi ne pas lui demander exactement pourquoi est-ce qu’elle-il dénonce cette chose ?


«Les femmes ne sont pas obligées de se maquiller, s’épiler, etc., elles le font uniquement par plaisir.»
(...) pourquoi est-ce que la plupart des femmes n’osent même pas sortir de chez elles
sans se passer un coup de rasoir sous les bras ? (...)
La société a des codes. Quand on les respecte pas, on s’y intègre moins bien. 
Et c’est désagréable de se sentir moins bien intégré-e dans la société. (...)
Si des femmes ou des hommes se préfèrent glabres, pourquoi pas ?
Mais il ne faut pas que ça ne devienne la norme en faisant passer ceux qui ne s’y collent pas
pour des marginaux.

«Vous parlez au nom de toutes les femmes sans leur demander leur avis ! »
(...) Le droit à l’avortement n’a pas obligé toutes les femmes à avorter. (...)

«Le féminisme défend les droits de la femme… bourgeoise ! »
les féministes luttent pour les droits des femmes
ne veut pas dire qu’elles-ils ne luttent pas contre les inégalités sociales (notamment de classe) également.
Les systèmes oppressifs fonctionnent souvent ensemble, alors pour lutter contre eux,
les causes se recoupent aussi. On appelle ça l’intersectionnalité. (...)

«Le féminisme s’attache à des luttes peu importantes, comme la suppression du terme « mademoiselle » »
(...) il ne faut pas confondre des luttes qui occupent de l’espace médiatique
à l’ensemble des luttes féministes réellement menées. (...)
on ne peut que s’étonner de la véhémence avec laquelles certain·e·s critiquent de telles luttes :
si la distinction entre « madame » et « mademoiselle » est un problème à ce point anecdotique,
pourquoi tant d’effort et de violence à pointer du doigt celles et ceux qui mènent cette lutte ?
»


Si, si, allez lire l'original : http://biaise.net/blog/la-f-a-q-du-feminisme/